đč Pascal Qu Est Ce Que Le Moi
PascalDupraz, né le 19 septembre 1962 à Annemasse (Haute-Savoie), est un footballeur puis entraßneur français.Il évolue au poste d'attaquant du début des années 1980 au début des années 1990. Formé au FC Sochaux-Montbéliard, il joue ensuite notamment au CS Thonon, au FC Brest Armorique, au SC Toulon avant de terminer sa carriÚre professionnelle au FC Gueugnon.
Letitre du film de Jean-Pascal Zadi et John Wax, au cinĂ©ma le 8 juillet, nâest pas juste un hommage au groupe de hip-hop parisien du
toutesles lois physiques, chimiques, mathĂ©matiques et biologiques sont universelles. La biologie est la science qui sâintĂ©resse Ă notre corps. Nous ne pouvons pas nous attacher sur notre aspect physique extĂ©rieur car tel que le dit Pascal dans Les PensĂ©es, L. 688 « la petite vĂ©role, [] tuera la beautĂ© sans tuer la personne.
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LĂȘtre humain Ă©volue, change, se transforme : on peut parler de mĂ©tamorphoses du moi. La question de la subjectivitĂ© humaine a Ă©voluĂ© au cours du temps. La littĂ©rature est l'un des mĂ©dias les plus Ă mĂȘme de questionner le « moi » et ses transformations. Au XX e siĂšcle, avec la dĂ©couverte de l'inconscient, un vĂ©ritable
Sivous souhaitez lâĂ©tudier pour amĂ©liorer votre psalmodie du Coran, vous pourrez constater que la science du Tajwid est vaste. En effet, selon les rĂšgles du Tajwid, il existe actuellement 10 variations de lecture diffĂ©rentes, dont le
Aperçudu corrigĂ© : PASCAL: Qu'est-ce que le moi ? (Commentaire de texte) PubliĂ© le : 26/1/2011-Format: Zoom. La conscience de soi est d'abord celle de l'Ă©vidence de sa propre identitĂ©. Nous nous rapportons immĂ©diatement Ă nous-mĂȘmes en tant que sujet de nos sensations, de nos actions ou de nos pensĂ©es. Ce que je ressens, je sais que c'est moi qui le ressens, il en est de
AussiRousseau, bon lecteur de Pascal comme de La Rochefoucauld, saura-t-il distinguer entre lâamour de soi, qui est lâamour de ce que je puis savoir et estimer en moi-mĂȘme (et lâon se souviendra ici que lâestime de soi est selon Descartes le fondement de toutes les vertus), et lâamour-propre, qui est seulement lâamour de lâimage que les autres ont de moi, et qui est la
Maquestion: est ce que mon voisin le propriétaire peut mù obliger à le déplacer? « Le moi] est le grand absent des Essais, qui semblent ne parler que de lui, et ce paradoxe suffirait presque à le définir. Moi, tous les gens de ma famille sont pomiculteurs. Explication de texte commentée : Pascal, Qu'est-ce que le moi ? Pascal, Pensées, « ù Š C'est par croire que les hommes sont
xv8g. Le moi est haĂŻssable. Vous, Mitton, le couvrez, vous ne lâĂŽtez point pour cela vous ĂȘtes donc toujours haĂŻssable » 494-597. Pascal sâadresse Ă Damien Mitton, son ami libertin, thĂ©oricien de lâhonnĂȘtetĂ©. Celle-ci, selon Pascal, dissimule le moi, lâamour-propre, mais ne lâanĂ©antit pas. Pascal brutalise son ami vous ĂȘtes haĂŻssable malgrĂ© votre altruisme. LâhonnĂȘte homme est un hypocrite grĂące Ă sa civilitĂ© humaine, son moi nâest pas le centre de tout », mais seule la piĂ©tĂ© chrĂ©tienne peut subsumer lâamour-propre sous la charitĂ©. Mais le moi ne sâidentifie pas toujours Ă lâamour-propre dans les PensĂ©es Je sens que je puis nâavoir point Ă©tĂ©, car le moi consiste dans ma pensĂ©e. Donc moi qui pense nâaurais point Ă©tĂ©, si ma mĂšre eĂ»t Ă©tĂ© tuĂ©e avant que jâeusse Ă©tĂ© animĂ©. Donc je ne suis pas un ĂȘtre nĂ©cessaire » 167-135. Lâutilisation du moi comme forme substantivĂ©e Ă©tait rĂ©cente. On la trouvait chez Descartes, dont ce fragment des PensĂ©es rappelle la deuxiĂšme MĂ©ditation Peut-ĂȘtre se pourrait-il faire, si je cessais de penser, que je cesserais en mĂȘme temps dâĂȘtre ou dâexister. » Pascal, lui, insiste sur la contingence, lâabsence de nĂ©cessitĂ© du moi. Le moi manque de substance, et la philosophie naturelle est incapable de justifier son existence. Un autre fragment paradoxal des PensĂ©es porte justement pour titre Quâest-ce que le moi ? » Un homme qui se met Ă la fenĂȘtre pour voir les passants, si je passe par lĂ , puisâje dire quâil sâest mis lĂ pour me voir ? Non, car il ne pense pas Ă moi en particulier. Mais celui qui aime quelquâun Ă cause de sa beautĂ©, lâaimeâtâil ? Non, car la petite vĂ©role, qui tuera la beautĂ© sans tuer la personne, fera quâil ne lâaimera plus » 567-688. On a remarquĂ© que le visage de Jacqueline, la sĆur trĂšs aimĂ©e de Pascal, avait Ă©tĂ© abĂźmĂ© par la petite vĂ©role en 1638, quand elle avait 13 ans. Mais on a surtout pensĂ© Ă une page des MĂ©ditations de Descartes sur des hommes qui passent dans la rue. Comment savoir, demande Descartes, si la forme qui passe sous un chapeau est un homme ou un automate ? Pascal se sert de la scĂšne autrement. Il ne se demande pas si, pour lâobservateur, les passants sont des hommes, mais si lâhomme Ă sa fenĂȘtre mâattend moi. Le moi, ici, nâest plus lâamour-propre, mais ce qui distingue un individu, ce qui en fait une personne. Dans le cadre de la philosophie naturelle, le moi est une rĂ©alitĂ© indubitable, dont nous avons le sentiment immĂ©diat, mais cette rĂ©alitĂ© est incomprĂ©hensible. Chaque homme est une personne, mais cette personne est indĂ©finissable. Ne faisons pas de contresens Pascal ne soutient pas quâil nây a pas de moi, mais quâil est impossible de dĂ©terminer lâessence de chaque moi. Le moi nâest ni une substance ni un accident. Lâamour que lâon a pour quelquâun est insĂ©parable de sa beautĂ©, et, si cette beautĂ© vient Ă disparaĂźtre, affirme Pascal, lâamour est dĂ©truit. La suite Ă Ă©couter
Alenzo y Nieto. Suicide. 1839. Museo romantico. Madrid Restitution de la rĂ©union du 24 avril 2019 Ă Chevilly-Larue Animateur Guy Pannetier. ModĂ©rateur HervĂ© Donjon Introduction Thibaud SimonĂ©. Introduction Cette question, trĂšs pascalienne, a Ă©tĂ© tournĂ©e et retournĂ©e dans tous les sens depuis plusieurs siĂšcles et ce, par les plus grands penseurs. Alors, le Moi est-il vraiment haĂŻssable ? Cette question traduit-elle une obligation ou une possibilitĂ© ? Le Moi peut-il ou doit-il se haĂŻr en lui-mĂȘme ou dans son rapport Ă lâautre ? Ainsi, comme nous le rappelle Paul Valery avec sa pertinence coutumiĂšre, Le moi est haĂŻssable mais il sâagit de celui des autres » Mais le Moi, quâest-ce Ă dire ? Un cogito ? Autrement dit une conscience unique, multiple et pensante sur fond de subjectivitĂ©. Nonobstant, le Moi peut tout Ă la fois ĂȘtre individuel ou collectif sans pour autant concerner le tout ». La singularitĂ© du Moi constitue ainsi une denrĂ©e plĂ©thorique » pour reprendre la belle expression de lâĂ©crivain Matt Ridley. En outre, le Moi ne peut-ĂȘtre sĂ©parĂ© de lâAutre, son alter ego, lui-mĂȘme se dĂ©finissant comme Moi Ă part entiĂšre. Et Pascal de nous rappeler que le Moi est injuste en soi, en ce quâil se fait le centre de tout ; il est incommode aux autres, en ce quâil veut asservir ; car chaque Moi est lâennemi, et voudrait ĂȘtre le tyran de tous les autres » et la rencontre avec lâAutre est toujours inĂ©vitable, parfois violente et riche en prĂ©jugĂ©s, comme nous le rappelle lâessayiste Tzvetan Todorov La premiĂšre rĂ©action, spontanĂ©e, Ă lâĂ©gard [de lâAutre] est de lâimaginer infĂ©rieur, puisque diffĂ©rent de nous ce nâest mĂȘme pas un homme, ou sâil lâest, câest un barbare infĂ©rieur [âŠ] » Il ajoute Peut-on vraiment aimer quelquâun si on ignore son identitĂ©, si on voit, Ă la place de cette identitĂ©, une projection de soi [ou du Moi] ou de son idĂ©al ? » Notre thĂšse principale Ă©tant de considĂ©rer le Moi et son Autre pour eux-mĂȘmes et non en vertu de propriĂ©tĂ©s qui, Ă la maniĂšre dâun chausse-pied, les font entrer de force dans des catĂ©gories préétablies et dont les valeurs sont jaugĂ©es Ă lâaune de nos propres rĂ©fĂ©rences mentales ou autres biais cognitifs rassurants. En outre, ne devons-nous pas dĂ©finir le Moi par ce quâil fait et non par ce quâil est ? Ne dit-on pas, Ă lâinstar de Sartre que lâexistence prĂ©cĂšde lâessence ? » Nous ne pouvons que faire la triste constatation que lâidĂ©e mĂȘme dâessentialisme implique de verrouiller dĂ©finitivement la porte Ă toute idĂ©e de variation, donnĂ©e pourtant fondamentale Ă qui veut comprendre la rĂ©alitĂ© du monde tel quâil se prĂ©sente Ă nous. Si essence il y a, le dĂ©sordre en constitue la vĂ©ritable incarnation et il prĂ©existe Ă lâ arrangement » socratique et au cosmos harmonieux et clos sur lui-mĂȘme des penseurs grecs de lâantiquitĂ©. Le monde est sans bout, le centre est partout », ce nâest quâun gigantesque mouvement brownien sans dessein et lâĂ©volution en constitue la substantifique moelle. Les rĂ©gularitĂ©s ne peuvent sâexpliquer par des considĂ©rations transcendantes issues du monde platonicien des IdĂ©es. Nous souhaitons Ă nâimporte quel prix projeter sur lâĂ©cran de nos inconscients dont le mur de la caverne constitue Ă mon sens une analogie des images parfaites, inaltĂ©rables et rassurantes, en lieu et place de ces flammĂšches qui naissent, se tortillent, et finissent par mourir comme pour nous rappeler toute la prĂ©caritĂ© de nos existences. Les publicitaires et les annonceurs lâont bien compris en mettant en scĂšne dans des spots pour gogos et avec pour espoir de vendre des crĂšmes de beautĂ©s » qui ne servent Ă rien, des ĂȘtres dĂ©ifiĂ©s et Ă©ternellement jeunes. Que penser Ă©galement de ces gens, qui font appellent aux tous derniers rĂ©sultats des neurosciences afin de sâintroduire par effraction dans le cerveau du consommateur pour lui promettre monts et merveilles ? Consommez et vous serez heureux ! En rĂ©alitĂ©, ce sont les gens heureux qui ne consomment pas. Que penser Ă©galement de ces mises en scĂšne pathĂ©tiques oĂč lâon assĂšne avec brutalitĂ© aux jeunes adolescentes de ressembler Ă telle ou telle star » dĂ©cĂ©rĂ©brĂ©e de la tĂ©lĂ©rĂ©alitĂ© qui devient, ipso facto, le modĂšle, lâicĂŽne, le moule ? Le Moi individuel Ă son acmĂ© ! Peut-on vraiment se rĂ©aliser en tant quâindividu face Ă ce matraquage permanent ? Que devient alors notre unicitĂ© ? Le Moi nâest-il pas phagocytĂ© par lui-mĂȘme ? Le Moi devenant Narcisse nâest-il pas comme ce batracien se prenant pour un bĆuf qui ne cesse dâenfler comme pour masquer sa petitesse, son imposture. Le Moi devient de fait sa propre idole, il se dĂ©guise derriĂšre un pseudo et contamine les rĂ©seaux sociaux dĂ©clarant vrai ce quâil aime plutĂŽt que dâaimer ce qui est vrai. Le Moi nâest-il alors pas haĂŻssable du simple fait de se refuser Ă lui-mĂȘme ? Nâest-il pas plus commode de paraĂźtre que dâĂȘtre ? Nâest-il pas plus aisĂ© et moins dispendieux dâĂȘtre aveuglĂ© que lucide ? Le Moi ne doit-il pas penser Ă rebours de lui-mĂȘme, lĂ oĂč se cache la pensĂ©e critique ? Finalement, ne pĂȘchons-nous pas par paresse ? Paresse psychologique et intellectuelle encouragĂ©e par la publicitĂ© et les mĂ©dias et faisant de nous des ĂȘtres ne pouvant se rĂ©aliser quâĂ travers la possession. Claude LĂ©vi-Strauss, un de nos grands penseurs du XXĂšme siĂšcle, avait vu juste dans La pensĂ©e sauvage » quand il affirme que chaque civilisation [chaque individu] a tendance Ă surestimer lâorientation objective de sa pensĂ©e ». En outre, comme il nous lâexplique, lâhumanisme le plus pertinent consiste Ă voir et Ă apprĂ©hender le monde dans son ensemble pour finir par se considĂ©rer soi-mĂȘme et non lâinverse, travers que nous empruntons bien trop souvent. Pourtant, nous devons tous ĂȘtre conscients que lâobservation des autres implique le dĂ©centrement de soi », comme Claude LĂ©vi-Strauss, nous le rappelle encore, notamment dans son ouvrage essentiel Race et histoire » que je me permets de citer Une premiĂšre constatation sâimpose la diversitĂ© des cultures humaines est, en fait dans le prĂ©sent, en fait et aussi en droit dans le passĂ©, beaucoup plus grande et plus riche que tout ce que nous sommes destinĂ©s Ă en connaĂźtre jamais [âŠ] La notion de la diversitĂ© des cultures humaines ne doit pas ĂȘtre conçue dâune maniĂšre statique. [âŠ] » Ainsi, toute culture est le rĂ©sultat de nombreuses hybridations faites dâemprunts, dâajouts, de mĂ©langes. Pourtant, bien que ces Ă©changes, quâils soient culturels ou biologiques, soient constatĂ©s et avĂ©rĂ©s, nous tendons naturellement vers lâethnocentrisme, piĂšge gravitationnel dĂ©formant notre espace-temps humain » qui nous pousse Ă dĂ©clarer presque dâune seule voix le barbare câest lâautre ! » Ainsi certains peuples ont voulu imposer les lumiĂšres de leur civilisation aux autres peuples, ont voulu combattre pour la perfection dâautrui, plutĂŽt que de soi ». Comme le prĂ©cisait Gaston Bachelard, la lumiĂšre projette toujours des ombres » et câest toujours au nom du bien que lâon fait le mal. Quand le Moi collectif » et politique impose la libertĂ©, nây a-t-il pas contradiction dans les termes ? Pour autant, malgrĂ© des heures sombres qui ponctuent notre histoire, il est utile voire indispensable de ne pas tomber dans une sorte dâidentitĂ© malheureuse ». Le devoir de mĂ©moire, si tant est que la mĂ©moire est un devoir, ne doit pas nous conduire Ă une auto flagellation permanente. Mais enfin, le Moi nâest-il pas un roi nu, invisible Ă lui-mĂȘme, acteur principal dâune farce ubuesque et rĂ©clamant force bienveillance pour lui-mĂȘme et envers lui-mĂȘme ? Rappelez-vous la mĂ©taphore de la poutre et de la paille de lâĂ©vangile selon Matthieu. Pourtant dans les rapports humains, la bienveillance a, bien Ă©videmment sa place. Mais la bienveillance, Ă©rigĂ©e comme principe peut sâavĂ©rer extrĂȘmement nuisible. Elle peut ainsi conduire Ă prendre en compte toutes les diffĂ©rences individuelles, les singularitĂ©s de chacun et ainsi, par ce truchement, pulvĂ©riser les notions de communautĂ© et dâĂ©galitĂ©. A chacun alors, selon ses plaintes, ses besoins, ses victimisations. » , ainsi que le souligne le philosophe Yves Michaud. Elle est ainsi une maniĂšre de nous aveugler Ă la rĂ©alitĂ© du monde et dâacheter Ă un prix exorbitant la paix sociale en Ă©loignant lâindividu de ses responsabilitĂ©s et en poussant la communautĂ© Ă , systĂ©matiquement, rĂ©parer et assumer ses erreurs. Elle engendre des individus muĂ©s par un narcissisme exacerbĂ© et ne supportant plus la frustration. Cette bienveillance totalitaire sâest muĂ©e en complaisance qui garantit la susceptibilitĂ© du Moi, devenu extrĂȘmement chatouilleux Ă la moindre critique, et ne supportant plus le dĂ©bat dâidĂ©es. Enfin, si lâon en croit le physicien Albert Einstein lâauthentique valeur dâun homme [se mesure] dâaprĂšs une seule rĂšgle Ă quel degrĂ© et dans quel but lâhomme sâest libĂ©rĂ© de son Moi ? » Dans ces conditions, peut-ĂȘtre viendra le temps de la grande rĂ©conciliation⊠Celle des autres et du Moi et du Moi envers lui-mĂȘme. Mais le penser nâest-ce pas lĂ plutĂŽt la grande utopie ? DĂ©bat â Qui sâexamine, qui consulte son moi profond, et y trouve une blanche colombe, Ă celui-lĂ , Ă celle- lĂ , je lui tends son aurĂ©ole. Je connais la part noire qui est en moi, jâen connais la part de bontĂ©, et dâamour des autres Ătre humain, câest savoir pardonner aux hommes de nâĂȘtre que ce quâils sont » Essais § 13. Depuis longtemps je fais mienne cette gĂ©nĂ©reuse maxime. Jâai, avec les annĂ©es appris Ă mieux me connaĂźtre, comme Ă connaĂźtre les autres, et cela mâamĂšne tant Ă leur pardonner de ne pas ĂȘtre parfaits, que me pardonner dâĂȘtre loin dâĂȘtre parfait. Vouloir lâhomme, la femme, parfaits, est une dĂ©marche sans issue. Câest celle dâAlceste, le misanthrope, qui par trop dâexigence, par lâamour de lâĂȘtre quâil voudrait parfait, entitĂ© inaccessible, le punit, en le montrant haĂŻssable. Mais Alceste se dĂ©teste lui-mĂȘme, ce qui nous rappelle que la haine des autres, entraĂźne, aussi, la haine de soi. Jâai du mal Ă ressentir de la haine pour mon prochain, et charitĂ© bien ordonnĂ©e jâai encore plus de mal Ă ressentir de la haine de moi-mĂȘme. Il faut ĂȘtre un illuminĂ© comme Pascal pour Ă©mettre cette idĂ©e. Comment Pascal, croyant comme il lâĂ©tait, pouvait-il Ă ce point haĂŻr la crĂ©ature qui suivant sa religion est crĂ©e par son Dieu ? Dans le propos du moi haĂŻssable citĂ© dans lâintroduction lequel est un dialogue, Pascal parle du Moi qui nâest nĂ©cessairement lui son Moi, en quelque sorte et il parle du Moi de chacun, et ceci avant Freud et les trois instances du Moi ». Bien sĂ»r quâil se veut parfois ĂȘtre dominateur, ce moi », et alors vouloir asservir les autres, en ĂȘtre le tyran, alors oui, celui-lĂ est haĂŻssable. Mais câest bien lĂ dans lâesprit de Pascal qui ne voit que lâhomme mauvais. Pour un religieux illuminĂ©, un croyant dâune religion qui prĂŽne lâamour de lâautre, Pascal est une sorte de terroriste de sa religion. Et sur ce thĂšme du moi haĂŻssable », on peut retenir du mĂȘme Pascal quelques pensĂ©es toujours dans ce sens pensĂ©es pour le moins haĂŻssables La vraie et unique vertu est de se haĂŻr. » Fragment 485/564 Ou Il faut nâaimer que Dieu et ne haĂŻr que soi. » Fragment 373 ⊠Et enfin, cette autre pensĂ©e Nous naissons si contraires Ă cet amour de Dieu, il est nĂ©cessaire que nous naissions coupables, ou Dieu serait injuste. » Fragment 429/205. Tous ces prĂȘcheurs de vertu ont fait le malheur du monde. La haine de soi pour ĂȘtre aimĂ© dâun dieu, me semble ĂȘtre une grosse nĂ©vrose. Cela nous a donnĂ© le port du cilice, ceinture autour des reins en poils de chĂšvre, ainsi que les flagellations, des actes dâauto-mutilation, les mortifications, mot qui vient du latin mortificare » faire mourir. Si vous vivez suivant la chair, vous mourrez » dit saint Paul, câest pour lui, faites mourir les besoins, les dĂ©sirs du corps et vous vivrez. Je conclus cette premiĂšre intervention avec cette formule Il nâest de pire haine que la haine de soi, car elle vous interdit dâaimer les autres » Jean-Michel Goldberg â La personne que je connais le mieux, câest moi, et ce moi nâest que la somme de mes expĂ©riences, de mes lectures, des autres, etc⊠Il ne peut ĂȘtre haĂŻssable, ceci dans le sens oĂč je sais me mettre Ă la place des autres, par exemple quand ils ont fait une grosse bĂȘtise. Ce sont les philosophes, comme Montaigne, Spinoza et Diderot, qui mâont aidĂ©e Ă me forger ce moi » tolĂ©rant et libre Ă la fois. â Freud nous dit quâil y a trois instances de notre personnalitĂ©. Le ça » qui manifeste ses pulsions, ses dĂ©sirs directs dĂšs lâenfance. Et câest Ă lâĂ©ducation des parents quâil revient de contenir, de contrĂŽler ses pulsions, apprendre Ă lâenfant quâil nâexiste pas seul, câest lĂ que commence Ă se construire le surmoi ». Et il se crĂ©e le moi » mĂ©diateur entre ces deux instances, celui qui aussi dĂ©finit les interdits. â Est-ce que ce serait ce surmoi » ce petit juge » qui peut amener la dĂ©testation de soi jusquâĂ la haine de soi ? Et de lĂ peut ĂȘtre amener jusquâau suicide. La question primordiale reste comment quelquâun peut-il en arriver Ă se haĂŻr ? Se dĂ©saimer jusquâĂ ce point ? â On est dans lâapproche psychanalytique, on ramĂšne tous ces concepts comme si câĂ©tait des outils. Le surmoi » câest le rĂ©gulateur, le moi » le mĂ©diateur, face au ça » qui est enfoncĂ© dans ses pulsions animales. Mais avec ces outils, on oublie lâidentitĂ©. Les gens qui sont Ă©ducateurs dans des quartiers difficiles » ne parlent jamais du moi ». Au-delĂ des outils de psychanalyse, les gens qui sâaiment ou qui ne sâaiment pas, ça passe par est-ce que je me reconnais une identitĂ© ? Et le travail des ces Ă©ducateurs, ça consiste Ă essayer de faire comprendre Ă ceux qui ne sâaiment pas quâils ont une identitĂ©. IdentitĂ© sur laquelle ils peuvent jouer bien sĂ»r, pour, premiĂšrement la mieux voir ou la modifier, ce qui modifie le regard des autres, et lĂ on rejoint lâaspect collectif. Câest que lâidentitĂ© individuelle ne se forge pas que par rapport Ă soi-mĂȘme, avec les outils de psychanalyse citĂ©s, mais elle se forme aussi par rapport au regard des autres. Et quand on pose la question de, pourquoi y en a-t-il qui se haĂŻssent, dâautres qui sâaiment, Je pense quâil ne faut pas oublier la notion de est-ce que je me reconnais une identitĂ© ? Est-ce que les autres me reconnaissent une identitĂ© ? Freud a fait une analyse qui est de la mĂ©canique du fonctionnement de lâĂtre, psychanalyse qui marche ou pas. La premiĂšre analyse que Freud a faite, la nana » sâest suicidĂ©e, sâĂ©tait-elle haĂŻe encore plus ? â Je me demande comment lâenfant qui a vĂ©cu dans un milieu protĂ©gĂ©, lorsquâil rencontre le monde avec ses prĂ©dateurs, va construire ce moi », et comment vont sâarranger ces trois instances. Comme se construire, ĂȘtre rĂ©el ? Comment ne pas montrer un faux-moi », et de lĂ ne plus ĂȘtre trĂšs crĂ©dible Ă soi-mĂȘme. â Dâune certaine façon on est tous en reprĂ©sentation Ă des degrĂ©s diffĂ©rents. Mais qui peut se targuer de connaĂźtre vraiment le moi » de lâautre ? Personne ! MĂȘme je pense quâaprĂšs des dĂ©cennies de vie commune, il y a toujours des zones dâombre. Zones qui ne sont pas forcĂ©ment dissimulĂ©es Ă dessein. Et je pense que câest tant mieux, parce que câest un mĂ©canisme de protection, je pense mĂȘme que câest un gage de survie de ce vrai nous ». Et je me demande si les gens qui traĂźnent les coups reçus par les prĂ©dateurs » ne sont pas aussi ceux qui nâont pu se dĂ©barrasser du moi » de lâenfance. On en revient Ă cette phrase dĂ©jĂ citĂ©e dâEinstein qui nous dit Lâauthentique valeur dâun homme se mesure dâaprĂšs une seule rĂšgle Ă quel degrĂ© et dans quel but lâhomme sâest libĂ©rĂ© de son moi ? » â Jâai retenu cette notion du faux-moi ». Je pense que tricher avec soi-mĂȘme, Ă moins dâavoir un Ă©norme ego, ça peut gĂ©nĂ©rer Ă terme, la mĂ©sestime de soi. Mais ne pas tricher, obĂ©ir au surmoi », cela a un prix, cela peut coĂ»ter cher, cela peut faire obstacle Ă ce qui aurait Ă©tĂ© une rĂ©ussite financiĂšre. Mais le petit juge » est lĂ , il veille Ă ton intĂ©gritĂ©, sinon, plus tard quand tu vas te rencontrer, tu vas changer de trottoir. Et je reviens sur Pascal, lequel aurait pu ĂȘtre aujourdâhui un bon dialecticien de lâembrigadement terroriste. Les recruteurs avec leur manipulation du langage, expliquent Ă des esprits simples comment en trahissant leur religion, ils doivent devenir purs, se racheter Ne vous Ă©tonnez pas » Ă©crit Pascal dans les PensĂ©es de voir des personnes simples croire sans raisonner. Dieu leur donne lâamour de soi et la haine dâeux-mĂȘmes ». Trahissant leur religion, ils se trahissent eux-mĂȘmes, ils trahissent leur famille tous les musulmans, ceci en buvant de lâalcool, en frĂ©quentant ; des filles mĂ©crĂ©antes », en se laissant europĂ©aniser. Il sâensuit culpabilitĂ©, jusquâĂ la haine de soi, qui appelle un rachat, comme chez Pascal jusquâau rachat par le sacrifice. Vous trouverez toute cette sĂ©mantique dans des vidĂ©os racoleuses sur YouTube. La haine, haine de soi, passion triste est un bon filon Ă exploiter, pour amener des gens Ă des actions punitives pour satisfaire sa propre haine, car ses prĂ©dicateurs de malheur eux ne se font pas martyrs. â Dans le livre dâEinstein Comment je vois le monde » celui-ci explique quâil nâexiste pas seulement en tant que crĂ©ature individuelle, mais je » se dĂ©couvre membre dâune grande communautĂ© humaine. Cela rejoint cette idĂ©e de la valeur du moi » âŠĂ quel degrĂ© et dans quel but lâhomme se libĂšre de son moi ».Et câest intĂ©ressant si nous regardons plus que le moi » personnel, mais le moi » social. â On parle dâun surmoi » mais lâanimal social vit dans un surnous » que nous impose la sociĂ©tĂ©, avec ses interdits, avec ses tabous. Câest je ne peux pas faire ceci, je ne peux faire cela, ce nâest plus que le surmoi » qui nous interdit, câest le surnous ». Câest tellement ancrĂ© en nous quâon ne se pose plus la question du pourquoi de lâinterdit. On se construit dâune façon qui ne nous va pas toujours. Ainsi jâai un ami homosexuel Ă qui on ne cesse de casser les pieds avec une notion de famille, cela finit par le traumatiser. Lâinterdit collectif peut entraĂźner une certaine mĂ©sestime de soi. On en revient Ă une identitĂ© reconnue et acceptĂ©e ; acceptĂ©e par soi et par la collectivitĂ©. Si on ne trouve pas comme se positionner, on peut en venir Ă haĂŻr les autres, et Ă se haĂŻr soi-mĂȘme. â Dans le prolongement de ce propos, je pense aux adolescents, adolescentes, qui se dĂ©couvrent homosexuels les et qui se suicident parce que la sociĂ©tĂ© impose ses normes, et ils se disent, je ne vais pas ĂȘtre acceptĂ©e par la sociĂ©tĂ©, dans ma famille, cette identitĂ© va mâĂȘtre refusĂ©e. Cette haine du diffĂ©rent qui peut entraĂźner haine de soi, est parfois un drame. â Je me demande si chez le criminel qui trouve plaisir Ă tuer, ou comme chez certains pĂ©dophiles qui jouissent de la souffrance de leurs victimes, il nây a pas lĂ dans cette pulsion du mal, le vrai moi haĂŻssable » ? â Les personnes qui ne peuvent surmonter un viol, peuvent avoir ce sentiment de haine de soi. Sentiment dâavoir Ă©tĂ© salis es, et de lĂ ne plus pouvoir sâaccepter. â La haine de soi peut dĂ©couler dâun sentiment de ne pas ĂȘtre aimĂ©. Si lâon ne mâaime pas, câest parce que je ne mĂ©rite pas dâĂȘtre aimĂ©. Et le chantre de la haine de soi sâappelle Cioran, philosophe dâorigine roumaine mort Ă Paris en 1995. La listes des ses principaux livres est rĂ©vĂ©latrice De lâinconvĂ©nient dâĂȘtre nĂ© » â La tentation dâexister » â Sur les cimes du dĂ©sespoir » Si vous lisez les Ćuvres de Cioran, vous nâen sortirez pas forcĂ©ment indemnes, les Ćuvres de Cioran devraient ĂȘtre vendues avec un tube de barbituriques. Quelques extraits pour illustrer Nous ne courons pas vers la mort, nous fuyons la catastrophe de la naissance⊠» ⊠se suicider câest le geste dâun optimiste » Déçus par tous, il est inĂ©vitable quâon arrive Ă lâĂȘtre par soi-mĂȘme, Ă moins quâon ait commencĂ© par là ». Aveux et anathĂšmes. 1987 Plus nous avons le sentiment de notre insignifiance, plus nous mĂ©prisons les autres, et ils cessent mĂȘme dâexister pour nous quand nous illumine lâĂ©vidence de notre rien. Nous nâattribuons quelque rĂ©alitĂ© Ă autrui que dans la mesure oĂč nous nâen dĂ©couvrons pas en nous-mĂȘmes » La chute du temps. 1964 Et je ne rĂ©siste pas Ă citer cette derniĂšre Ma mission est de tuer le temps, et la sienne de me tuer Ă son tour. On est tout Ă fait Ă lâaise entre assassins » EcartĂšlement. 1979
Pour RaphaĂ«l Villien, professeur de philosophie au LycĂ©e Berthollet dâAnnecy, ce texte de Pascal se rĂ©vĂšle Ă la fois attirant et redoutable pour des Ă©lĂšves de terminale. Attirant parce que son argument est intelligible et repose sur des distinctions travaillĂ©es en cours contingent/nĂ©cessaire, essentiel/accidentel, avoir/ĂȘtre. Mais Ă©galement redoutable parce que toutes ces analyses sont subordonnĂ©es Ă un problĂšme compliquĂ© Quâest-ce que le moi ? et qu'il est difficile de comprendre la rĂ©ponse que le texte y apporte, ainsi que le sens prĂ©cis de lâargumentation qui tente dâĂ©lucider la nature du moi dans le contexte dâune relation Ă autrui. Quel rapport, prĂ©cisĂ©ment, entre la thĂšse sur lâamour et la nature du moi ? "Quâest-ce que le moi ? Un homme qui se met Ă la fenĂȘtre pour voir les passants si je passe par lĂ , puis-je dire quâil sâest mis lĂ pour me voir ? Non car il ne pense pas Ă moi en particulier mais celui qui aime quelquâun Ă cause de sa beautĂ©, lâaime-t-il ? Non car la petite vĂ©role, qui tuera la beautĂ© sans tuer la personne, fera quâil ne lâaimera plus. Et si on mâaime pour mon jugement, pour ma mĂ©moire, mâaime-t-on, moi ? Non, car je puis perdre ces qualitĂ©s sans me perdre moi-mĂȘme. OĂč est donc ce moi, sâil nâest ni dans le corps, ni dans lâĂąme ? et comment aimer le corps ou lâĂąme, sinon pour ces qualitĂ©s, qui ne sont point ce qui fait le moi, puisquâelles sont pĂ©rissables ? car aimerait-on la substance de lâĂąme dâune personne, abstraitement, et quelques qualitĂ©s qui y fussent ? Cela ne se peut, et serait injuste. On nâaime donc jamais personne, mais seulement des qualitĂ©s. Quâon ne se moque donc plus de ceux qui se font honorer pour des charges et des offices, car on nâaime personne que pour des qualitĂ©s empruntĂ©es. Pascal, PensĂ©es, Lafuma 688 Introduction "Quâest-ce que le moi ?" Etrange question. Quand se pose-t-elle ? Peut-ĂȘtre dans les moments de doute sur soi ou sur quelquâun, lorsque les repĂšres et les certitudes vacillent Ă©checs, pertes, dĂ©figuration qui suis-je, vraiment, moi ? Lors dâune rupture, qui est-elle, vraiment, elle ? Ce sont des moments oĂč la dĂ©finition ordinaire de soi par ses qualitĂ©s sociales, physiques, intellectuelles ne suffit plus. De nombreux films construits autour de cette question Citizen Kane. Tel est prĂ©cisĂ©ment le problĂšme posĂ© par Pascal, qui lâinscrit dans le contexte de lâamour est-ce vraiment la personne elle-mĂȘme quâon aime, ou ses qualitĂ©s ? On pourrait rĂ©pondre que la personne est indissociable de ses qualitĂ©s, mais câest prĂ©cisĂ©ment la rĂ©ponse que refuse Pascal le moi ne se confond pas avec ses qualitĂ©s empruntĂ©es », si bien quâ on nâaime jamais personne, mais seulement des qualitĂ©s ». La femme de Roman aimait-elle Roman ou ses qualitĂ©s apparentes ? Ne sommes-nous pas tous dans ce cas aimons-nous lâautre lui-mĂȘme ou ses qualitĂ©s ? Questions Ă poser au texte la distinction du moi et de ses qualitĂ©s va-t-elle de soi ? Pourquoi Pascal passe-t-il par la relation Ă autrui pour dĂ©finir le moi ? Si effectivement le moi ne se dĂ©finit pas par ces qualitĂ©s, quâest-il donc ? Premier moment du texte Quâest-ce que le moi ? Un homme qui se met Ă la fenĂȘtre pour voir les passants si je passe par lĂ , puis-je dire quâil sâest mis lĂ pour me voir ?DĂ©but du texte une question classique, un objet problĂ©matique et une approche Ă©tonnante. La question est celle de la dĂ©finition quâest-ce que x ? Question socratique par excellence. TĂąche de la dĂ©finition distinguer les propriĂ©tĂ©s nĂ©cessaires, essentielles, des propriĂ©tĂ©s contingentes, accidentelles que la chose peut perdre sans se dĂ©truire. Lâobjet qui pose problĂšme le moi. Tout le texte va montrer quâon ne sait pas prĂ©cisĂ©ment ce quâil faut entendre par ce terme, quâon a du mal Ă distinguer le moi des qualitĂ©s dâemprunts, du mal Ă distinguer le nĂ©cessaire du contingent, lâessentiel de lâaccidentel. Analogie avec Saint Augustin et le temps Confessions XI Qu'est-ce donc que le temps ? Si personne ne me le demande, je le sais mais que je veuille l'expliquer Ă la demande, je ne le sais pas ! » ProblĂšme renforcĂ© par la forme substantivĂ©e du pronom moi » on passe dâun usage ordinaire Ă un usage plus philosophique. Difficile de comprendre prĂ©cisĂ©ment ce quâil faut entendre par le moi ». Face Ă ce genre de difficultĂ©s, un conseil ne pas faire comme si on comprenait, mais proposer des hypothĂšses de sens et les confronter au texte. Câest le plus difficile. Quâentend Pascal par le moi » ? le moi un individu empirique, un corps, une personne. Pourquoi ne pas dire une personne ? Le moi une substance pensante, un cogito ? Le moi sens moral de lâattachement Ă soi, de lâamour-propre ? cf Lafuma 597, le moi est haĂŻssable » Quelle rĂ©ponse permet dâapporter le texte ? PremiĂšre proposition Lâhomme Ă la fenĂȘtre voit un individu quelconque, un quidam, il ne me voit pas, moi et il ne voit pas un moi. Ici, Pascal sâappuie sur le langage ordinaire qui fait une diffĂ©rence entre voir quelquâun » et me voir » pour commencer son travail de dĂ©finition philosophique. La diffĂ©rence porte sur la façon de poser un objet le moi ici semble devoir ĂȘtre lâobjet dâune intention particuliĂšre, dâune visĂ©e. Lâindividu doit ĂȘtre visĂ© dans son identitĂ© singuliĂšre, propre. Cf. la diffĂ©rence gĂ©nĂ©ral/particulier/singulier gĂ©nĂ©ral des hommes, la classe des hommes particulier un homme comme exemple, Ă©chantillon de la classe singulier cet homme, en tant quâil se distingue des autres. On voit des hommes en gĂ©nĂ©ral des passants, cf Brassens, Le pornographe, Ă©ventuellement notre regard sâarrĂȘte sur un homme en particulier une passante, Baudelaire, mais on ne perçoit jamais lâindividu dans sa singularitĂ©, son identitĂ© propre, dans son unicitĂ©. Conclusion le moi nâest donc pas simplement un homme quelconque mais approche Ă©tonnante, le moi est apprĂ©hendĂ© dans le cadre dâune relation Ă autrui DâoĂč lâimportance de lâamour, comme visĂ©e intentionnelle de la personne. La question quâest-ce que le moi » ? sera traitĂ©e par cette question mâaime-t-on, moi ? » Et tout le problĂšme du texte sera de savoir si lâon peut rĂ©ellement viser le moi et le trouver. DeuxiĂšme moment du texte De "Mais celui qui aime quelquâun Ă cause de sa beautĂ©, lâaime-t-il ?" Ă "OĂč est donc ce moi, sâil nâest ni dans le corps, ni dans lâĂąme ? et comment aimer le corps ou lâĂąme, sinon pour ces qualitĂ©s, qui ne sont point ce qui fait le moi, puisquâelles sont pĂ©rissables ?" Argument principal, dont le fonctionnement est clair, qui procĂšde en trois temps avant de conclure il faut dĂ©crire le mieux possible le fonctionnement de lâargument, non pas sa rhĂ©torique, mais sa logique. Il sâagit de montrer que des propriĂ©tĂ©s, des qualitĂ©s qui semblent appartenir Ă la personne et la dĂ©finir dans sa singularitĂ© ne la dĂ©finissent pas, ne sont ni essentielles, ni nĂ©cessaires. Elles peuvent mâĂȘtre ĂŽtĂ©es sans que je cesse dâĂȘtre moi. la beautĂ© cf la vieillesse, la dĂ©figuration Merteuil Ă la fin des Liaisons dangereuses , dĂ©figurĂ©e par la vĂ©role. Malheur des personnes qui se dĂ©finissent par leur beautĂ© elles vont continuer Ă ĂȘtre alors que leur beautĂ© ne sera plus. Pascal semble ici sâinscrire dans une tradition qui dĂ©nonce la confusion du paraĂźtre et de lâĂȘtre, des apparences et de lâessence. Quoiquâil faudra nuancer ceci cf la derniĂšre conclusion du texte, Ă©tonnante, paradoxale, qui rĂ©habilitĂ© les qualitĂ©s dâemprunt Quâon ne se moque donc plus de ceux qui se font honorer pour des charges et des offices, car on nâaime personne que pour des qualitĂ©s empruntĂ©es. » Surtout ne pas sâarrĂȘter lĂ Pascal dirait quâil ne faut pas aimer une personne simplement pour sa beautĂ©, son apparence, mais pour ses qualitĂ©s intĂ©rieures. Non, les qualitĂ©s intĂ©rieures sont passibles du mĂȘme traitement. le jugement, la mĂ©moire, les qualitĂ©s intellectuelles peuvent disparaĂźtre sans que la personne cesse dâĂȘtre. Cf la vieillesse, les changements de personnalitĂ©s Ă cause des accidents de la vie. Pas de diffĂ©rences de statut entre les qualitĂ©s intĂ©rieures et extĂ©rieures toutes pĂ©rissables, sĂ©parables de moi. On progresse vers une hypothĂšse limite ce qui dĂ©finit le moi, la personne dans sa singularitĂ©, ne rĂ©siderait pas dans sa personnalitĂ© ! Si une personne nâest pas singularisĂ©e par sa personnalitĂ©, par quoi alors ? Discussion du cĆur de lâargument Est-il si vrai que les qualitĂ©s personnelles ne dĂ©finissent pas le moi ? Nây a-t-il pas des qualitĂ©s inaliĂ©nables au moi, certains traits physique ou de caractĂšre ? Pour Pascal, sans doute une illusion de croire en des traits permanents, ou alors au mieux peut-ĂȘtre permanent par accident de fait tel trait de lâindividu ne change pas mais pas de façon essentielle il aurait pu changer sans que lâindividu soit dĂ©truit. Ou alors des qualitĂ©s liĂ©es Ă lâorigine ĂȘtre le fils de » ? Mais mon origine me dĂ©finit-elle comme moi ? Conclusion intermĂ©diaire Raisonnement aporĂ©tique on essaie de dĂ©finir le moi question simple et classique et finalement, on se rend compte quâon ne trouve plus ce quâon voulait dĂ©finir, que le moi est introuvable, non localisable, inassignable. DâoĂč la question de la localisation OĂč est donc le moi, sâil nâest ni dans le corps, ni dans lâĂąme ? » Question de la localisation assez Ă©trange, comme si le moi Ă©tait une chose, une partie de moi. OĂč est le cĆur ? » a une rĂ©ponse, mais oĂč est le moi ? », nâest-ce pas faire une erreur dans la conception du moi ? Confondre le moi avec une chose Ă©tendue. Pascal ne peut ignorer Descartes cf Discours de la mĂ©thode "J_e connus par lĂ que jâĂ©tais une substance dont toute lâessence ou la nature nâest que de penser, et qui pour ĂȘtre nâa besoin dâaucun lieu ni ne dĂ©pend dâaucune chose matĂ©rielle en sorte que ce moi, câest-Ă -dire lâĂąme, par laquelle je suis ce que je suis, est entiĂšrement distincte du corps"_ Dernier moment du texte et du raisonnement de Pascal La critique du moi cartĂ©sien "C_ar aimerait-on la substance de lâĂąme dâune personne, abstraitement, et quelques qualitĂ©s qui y fussent ? Cela ne se peut, et serait injuste. On nâaime donc jamais personne, mais seulement des qualitĂ©s_." Ayant montrĂ© que ni les qualitĂ©s physiques, ni les qualitĂ©s spirituelles permettent de dĂ©finir le moi, Pascal fait lâhypothĂšse dâun moi sans qualitĂ©, en Ă©voquant lâamour pour "la substance de lâĂąme dâune personne, abstraitement, et quelques qualitĂ©s qui y fussent." Vocabulaire de la substance Ă©voque Descartes le cogito, une substance pensante, une res cogitans. Tant mieux si les Ă©lĂšves le repĂšrent. Mais on peut expliquer lâargument sans connaĂźtre Descartes. Il sâagit de considĂ©rer un moi abstraction faite de ses qualitĂ©s. La distinction abstrait/concret est travaillĂ©e durant lâannĂ©e. La chose concrĂšte, ici, câest la chose telle quâelle se prĂ©sente Ă moi dans lâexpĂ©rience, pourvue de toutes ses qualitĂ©s un homme, une barbe, un chapeauâŠ. Abstraire opĂ©ration intellectuelle qui consiste Ă ne pas tenir compte, Ă faire abstraction, des propriĂ©tĂ©s contingentes. Ce qui reste alors du moi une entitĂ© abstraite sans qualitĂ©. Toujours cette idĂ©e quâaucune qualitĂ© ne me dĂ©finit en propre. Câest le cas du cogito cartĂ©sien tout le monde est un cogito, câest un moi qui est celui de tout le monde, bref, câest un moi, une subjectivitĂ© pure, qui nâest pas moi, une identitĂ© singuliĂšre. ConsĂ©quence une telle entitĂ© pose des problĂšmes, elle trop abstraite pour ĂȘtre digne dâamour, trop indiffĂ©renciĂ©e pour ĂȘtre prĂ©fĂ©rĂ©e aux autres. Personne nâaime un cogito, tout le monde aime une personne particuliĂšre. Le concept philosophique, cartĂ©sien, du moi est trop Ă©loignĂ© de lâusage ordinaire du moi. Conclusion n°1 On nâaime donc jamais personne, mais seulement des qualitĂ©s. ConsĂ©quence de lâargumentation nâest pas quâil faut aimer le moi rĂ©el, et non ses qualitĂ©s apparentes, mais au contraire quâon ne peut aimer que les qualitĂ©s dâune personne, et non la personne elle-mĂȘme. Pensons aux personnes qui aiment des types de personnes », ou Ă la façon dont on justifie nos amours Duras il Ă©tait riche et doux ». Ce texte est donc aussi un texte sur le dĂ©sir et lâamour quâaime-t-on chez lâautre ? quâest-ce que lâautre aime en moi ? Lieu de confusion, dâobscuritĂ©, dâĂ©quivocitĂ©, de dĂ©ception. Pascal on nâaime pas une personne, on nâaime jamais personne. Contre Montaigne parce que câĂ©tait lui, parce que câĂ©tait moi ». Contre le mensonge romantique de coup de foudre entre deux personnes singuliĂšres, la vĂ©ritĂ© dĂ©senchantĂ©e de lâamour. Rapprochement possible avec le moi est haĂŻssable », la critique du moi chez Pascal au sens de lâamour propre. Le moi nâest pas aimable. Laf 597 Conclusion n°2 Autre conclusion, paradoxale. Quâon ne se moque donc plus de ceux qui se font honorer pour des charges et des offices, car on nâaime personne que pour des qualitĂ©s empruntĂ©es. Pas de mĂ©pris du paraĂźtre, des qualitĂ©s empruntĂ©es sociales ou autres puisquâil nâen est pas dâune autre nature. DiffĂ©rence genre/espĂšce toutes les qualitĂ©s ne sont pas de la mĂȘme espĂšce physique, intellectuelle, sociale, mais elles sont toutes du mĂȘme genre dâemprunt. Pas dans la dĂ©fense de lâĂȘtre contre le paraĂźtre puisque lâĂȘtre, le moi, nâest pas aimable. Deux niveaux pas de mĂ©pris de lâĂ©tiquette sociale cf le discours sur la considĂ©ration des grands. pas de raison de tirer de lâamour-propre de son prestige social. Conclusion gĂ©nĂ©rale rappel de lâessentiel et rĂ©flexion finale Pascal distingue trĂšs nettement le moi de ses qualitĂ©s au point quâune question reste ouverte Ă la fin du texte quâest-ce que le moi ? RĂ©ponse essentiellement nĂ©gative Le moi nâest pas un individu quelconque. Je ne suis pas ma beautĂ©, mon intelligence, mes titres. ConsĂ©quence ce nâest pas moi quâon aime, mais mes qualitĂ©s. Alors, quâest-ce que le moi ? Trois hypothĂšses demeurent le moi nâexiste pas ou câest une idĂ©e confuse. le moi est une rĂ©alitĂ© subjective accessible uniquement Ă la premiĂšre personne, un cogito. Ce qui expliquerait lâĂ©chec de la dĂ©finition du moi dans le cadre dâune relation Ă autrui. Mais Ă ce moment, lâapproche du moi par proposĂ©e par Pascal est pour le moins Ă©trange et le troisiĂšme moment de lâargumentation devient difficilement comprĂ©hensible. Le moi est bien lâobjet dâune intention. Lâautre peut penser Ă moi. Mais lâerreur est dâen faire un objet dâamour, de prĂ©fĂ©rence, de qualitĂ©. Bref, le moi critiquĂ© serait celui de lâamour propre. La singularitĂ© du moi implique une individuation du moi une distinction matĂ©rielle et intentionnelle, mais non pas une qualitĂ© propre du moi, une distinction de valeur. Au contraire, cette valorisation du moi est le dĂ©but de la confusion. Pour Pascal, lâindividuation, lâindividualitĂ© est une limite, un obstacle Ă la raison et Ă la justice, et non pas une diffĂ©rence Ă valoriser. Individuation, expression de la misĂšre de lâhomme ! 2 minutes papillon de GĂ©raldine Mosna-SavoyeGĂ©raldine Mosna-Savoye s'entretient avec JĂ©rĂŽme LĂšbre, philosophe et professeur de philosophie en terminale, auteur de Les caractĂšres impossibles Bayard et d'entretiens avec Jean-Luc Nancy sur lâart Ă paraĂźtre aux Ă©ditions Bayard Ă©galement. Textes lus par Jean-Louis Jacopin Pascal, PensĂ©es Lafuma 688 PlĂ©iade 306, Gallimard, p. 1165 Choderlos de Laclos, Les liaisons dangereuses 1782, 4Ăšme partie, Lettre CLXXV Lettre 175, Gallimard 201, p. 457-458 Extraits de films diffusĂ©s Nicole Garcia, Lâadversaire 2002 NoĂ©mie Lvovsky, Camille redouble 2012 Musiques diffusĂ©es Sung Woo cho, April snow Julio IglĂ©sias, Je nâai pas changĂ© FrĂ©hel, Tel quâil est
pascal qu est ce que le moi